Un prix pour Vicky…celui de la mère absente.

Écrit par

Vicky Paquette

Message d’une fille à sa mère nomade…

Préambule

J’ai ( Vicky) demandé à ma fille Camille de m’écrire un petit texte il y a quelques semaines. Je voulais la faire participer dans notre blogue. Comme jeune voyageuse, je trouvais intéressant qu’elle partage ses expériences sur le sujet qu’elle voulait. Elle a fait un Workaway comme nounou sur un catamaran pendant 3 mois, elle a travaillé quelques mois dans l’Ouest canadien pour parfaire son anglais dans un programme d’échange, elle a fait quelques voyages dont le Costa Rica, l’Italie, l’Islande et la Thaïlande notamment. (* MAJ : Nous l’avons invité lors d’un de nos APÉROS LIVE, où elle est venu parler de vive voix son parcours.) À partir de 38 minutes) Enfin bref, elle avait carte blanche. Et puis je reçois ce texte, rempli d’amour et de vulnérabilité de ce que c’est d’avoir une maman nomade.


J’ai douté de partager son texte. J’avais honte, j’avais mal. Ensuite, j’ai voulu lui faire changer des mots, et même retiré certains passages. J’ai pris du recul, j’ai laissé mon ego de côté, et j’ai accepté la réalité qu’effectivement j’avais décrochée le prix Nobel de la mère absente dans la dernière année ! Si j’ai décidé de le partager avec vous, c’est pour continuer d’être vrais et transparents dans notre réalité. Voyager c’est génial, et surtout un grand rêve devenu réalité. Ce n’est pas parfait, et il faut être réaliste, il y a de gros sacrifices. Pour nous, c’est LA plus difficile réalité de notre nouvelle vie de nomade. Nous en avons parlé un peu dans cet article: Vivre et voyager à l’étranger une de nos plus grosses décisions.

Les mots d’une maman à sa fille


Alors je vous laisse découvrir le message d’une fille à sa mère nomade. Je ne pourrais être plus fière d’elle, et de l’être humain sensible et courageuse qu’elle est et qu’elle devient. Camille, j’aurais aimé être la moitié de ce que tu es à ton âge, tu me pousses à devenir meilleure comme être humain, et tu me permets de devenir courageuse seulement en te regardant faire tes choix avec ton cœur.

Bonne lecture !

Ma mère, elle a remporté le prix, celui de la mère absente.

« Et ta mère, elle fait quoi dans la vie ? » Souvent, quand je reçois cette question, j’hésite entre dire un peu n’importe quoi ou dire la vérité, elle est nomade. Pas parce que je ne suis pas fière d’elle ou même parce que je ne l’admire pas, juste pour la simple et bonne raison que les questions qui suivent, parfois elles me font mal.

Quand mon besoin de voyage a débuté

Quand j’ai eu 14 ans, j’avais pu trop le goût d’être ici. Je me sentais prise entre quatre murs. Assise sur un banc d’école à fixer, sans trop écouter, la personne qui parlait devant moi. Vers l’âge de 15 ans, pendant mes cours, j’ai commencé à faire des calculs de budget et à dessiner la mer pis les montagnes. Parfois, c’était des étoiles ou des fleurs, mais principalement, rien qui m’entourait. À 16 ans c’est devenu concret. J’ai commencé à m’informer sur des emplois un peu partout à travers le monde. Honnêtement, n’importe quoi. De femme de ménage en passant par fermière ou même nounou.

Je me souviens exactement du moment où j’ai pris la décision que je partais sans même en parler à qui que ce soit. J’étais dans mon cours de math, et j’en étais déjà à mon quatrième échange de courriel avec une famille qui recherchait une fille au pair. C’était fait. Couler dans la roche, le béton, n’importe quoi tant que ce soit ben ben difficile à briser. J’allais partir après l’obtention de mon diplôme de secondaire 5. Partir où ? Ce n’était pas trop clair, mais ce serait sur un catamaran, navigant sur la mer des Caraïbes entre la Colombie et le Panama. N’importe où faisait mon affaire pour être franche.

« Maman, je t’aime, mais je pars en septembre, et un peu plus loin que tu penses . »

Ça été un peu la pagaille. Genre pas loin du chaos.  « Non, mais Camille, tu dois poursuivre tes études, le Cégep, l’université ? » Un peu le discours auquel je m’attendais. Je la remercie surtout pour ça. C’était beau, pur et vrai. Je ne comprenais pas trop à ce moment-là que c’était de l’amour. Je m’étais dit que si elle ne voulait pas comprendre, j’allais déménager loin d’elle, juste pour qu’elle sache que son rôle de mère, c’est juste d’accepter les choix qui me rendent heureuse. Eh bien, c’est ce que j’ai fait. Je m’excuse encore un peu pour ça, mais pas trop. Parce que regarde où nous en sommes aujourd’hui.

Les semaines ont passées. Puis les mois aussi. Le temps de mon oral de fin d’année en français est arrivé. Les voyages forment la jeunesse : c’est évidemment le sujet que j’ai choisi. Je me souviens très clairement le soir où je l’ai récité à ma mère. Elle s’était mise à pleurer. Dans notre sofa blanc. Celui que j’avais vu peu souvent les dernières semaines. Elle s’était mise à pleurer et c’était beau, c’était pur et surtout vrai. Ma dernière phrase c’était une phrase banale comme : de quoi veux-tu te rappeler quand tu vas être sur ton lit de mort ?

De quoi vas-tu te rappeler ?

Et voilà, finalement, elle était fière de moi quand le directeur a annoncé à la remise des diplômes : « Camille Béland, globe-trotteuse naviguant prochainement sur la mer des Caraïbes. » J’étais un peu gênée, mais pas ma mère. Et la chorale a amorcé son chant, elle s’est mise à pleurer sur ces paroles :

 « Mes chers parents je pars,
Je vous aime, mais je pars,
Vous n’aurez plus d’enfants,
Ce soir,
Je ne m’enfuis pas je vole »

Et puis c’était son tour : son tour du monde

Pas longtemps après, elle m’avait annoncé qu’elle allait vendre la maison, lâcher son emploi et partir faire le tour de monde avec l’amour de sa vie, mon Pascal adoré.

Aujourd’hui, je comprends un peu plus pourquoi elle voulait me retenir. Aujourd’hui, elle comprend un peu plus pourquoi j’ai décidé de partir. Aujourd’hui, on se comprend un peu plus. Demain, on verra. Mais maman, ton prix de la mère absente, il te va à merveille. Tu le portes comme un gant. Et j’aime son allure sur toi. Tu brilles jusqu’à la lune. Je t’aime, même si ça me fait mal. Cette douleur, elle est belle, pure et vraie et elle me rend forte, indépendante et heureuse.

C’était le message d’une fille à sa mère …

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14 Responses

  1. Anne Jutras dit :

    Bonjour Vicky (et Camille),

    Quel beau texte touchant ! J’en ai eu les larmes aux yeux… Ce besoin d’évasion, d’explorer des territoires inconnus, peu importe le chapeau que l’on porte.
    Mère ou fille. Ça se vit avec nos trippes, n’est-ce pas ?

    Merci du partage, ça nous fait prendre conscience de l’importance des liens avec ceux qu’on aiment. Mais surtout l’importance de respecter ses rêves et oser être soi-même. Authentique.
    Bisous
    Anne 🙂

    1. Bonjour Anne, merci pour ton beau message. c’est vrai qu’il faut apprendre a aimer assez fort sans condition pour voir ceux qu’on aime prendre leurs envols et les voir réaliser leurs rêves, comme tu dis, peu importe le chapeau que l’on porte. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous lire et de nous laisser un beau message, Camille et moi sommes touchées. Bisous xxx Vicky

  2. Helene dion dit :

    Vicky, j’ai le coeur serré à chaque fois que j’entend cette chanson. La plus jeune de mes filles à 36 ans et elle vie aux USA depuis 16 ans , Californie, Texas. Je suis heureuse pour elle malgré ma douleur. Le texte de ta fille est vraiment très beau et on voit que malgré la distance, votre relation est profonde et vrai surtout.
    Bravo pour ton prix et tout le reste.

  3. Suzanne Gilbert dit :

    Bonjour ma belle amie!

    Quelle beau témoignage de Camille. Cette belle et grande jeune femme avec ses idées très claires, comme sa Maman. J’ai la larme à l’oeil. Continuez de briller toutes les deux. Soyez heureuses that’s it!

    Je vous embrasse très fort!

    On se voit bientôt! Big Hugs XOX

    1. un gros merci ma belle Sue pour ton message. Il me touche beaucoup, tu es une merveilleuse amie. Big hugs xxxx

  4. Claudine dit :

    Au début du texte je croyais ,Camille que tu faisais un reproche à ta mère. Mais plus je lisais plus je vois que tu as de l’admiration pour ta mère qui t’a laisser aller vivre ton expérience sur un bateau loin d’elle. Ta mère est aussi fière de toi, continuer à vous aimer malgré la distance. Tu sais Camille être mère c’est peu importe l’âge de notre enfant on s’inquiète même si notre enfant à 35 ans ….et qu’il décide daller vivre à l’autre bout du monde… on le laisse vivre et on est fier de ce qu’il fait…..😍 et ce même s’il est loin. Car ça pourrait être mon fils qui gagne le titre du fils absent. Mais quand je regarde le chemin parcouru depuis plus d’un an il y a quoi être fier de ce que Pascal et Vicky ont fait depuis cette année. Ils ont travailler fort pour tout ce qu’ils leur arrivent. Et je suis bien contente pour toi aussi…. tout ce que tu a réussi, tous les endroits que tu as visiter avec beaucoup de maturité. Continue Camille d’être la femme que tu es devenue une femme avec beaucoup de coeur …..comme ta mère😍

    1. wow! Mais quel beau message Claudine. C’est vrai que c’est difficile de voir nos enfants loin de nous, mais lorsqu’on sait qu’ils sont heureux, il n’y pas meilleur sentiment pour un parent et pour les gens qui nous aimes. Je t’aime très fort belle-maman et je ne vais jamais te remercier assez d’être la maman que tu es pour tes fils, mais particulièrement Pascal avec qui j’ai la chance de partager ma vie, nos rêves et nos projets ensemble depuis près de 14 ans déjà. xxx

  5. Nicole Morin dit :

    Juste un beau gros sentiment d’amour véritable, d’acceptation. Aimer à mon sens c’est…. Laisser l’autre libre de ses choix…. l’autre étant n’importe quelle personne que nous aimons avec nos trippes. Belle histoire qu’est la vôtre et félicitations d’avoir suivi votre guide intérieur pour faire ce qui vous donne ce sentiment d’accomplissement… tout simplement merveilleux Continuez votre beau chemin de vie Nicole de Lanoraie

    1. Quelle beau mots Nicole, Merci infiniment. Je suis du même avis, qu’il faut aimer très fort et véritablement une personne pour accepter de le laisser vivre son propre chemin. Merci encore d’avoir pris le temps de nous lire et de nous laisser ce beau message. Vicky ET Camille

  6. Chantal Latour dit :

    Quelle belle preuve d’amour et de respect, vous êtes belles les filles de l’extérieur comme en-dedans. Toi ma belle Camille que j’aime tant, tu fais preuve d’une belle maturité et de courage pour ton jeune âge. Vous êtes admirables xxx

    1. Coucou Chantal, un gros merci pour ton message il nous touche toute les deux ! xx

  7. Depuis notre hébergement à Castelmezzano juché en haut d’une montagne Italienne, je lis ces lignes et j’en ai des frissons. Merci pour cette authenticité criant de vérité qui parfois peut faire mal, mais qui fait grandir et évoluer. Bonne route.

    1. Merci infiniment d’avoir pris un instant dans votre magnifique voyage pour nous lire et nous écrire un beau message, Merci xxxx

  8. Chantal Chalifoux dit :

    Quel beau message ! Je vous trouve très bonnes toutes les deux Camille et Vicky.
    C’est beau de vous voir vivre vos rêves et de respecter les choix de chacune.
    Au moins maintenant la technologie nous permet de garder un certain contact très facilement.
    Je ne sais pas si j’aurais le courage de partir longtemps comme ça loin des miens. Moi qui est maintenant mamie d’une adorable petite fille de 2 ans et qui aura une petite sœur en novembre. Mais l’aventure me manque, ne serait-ce que de partir à travers le Canada. On verra ça dans les prochaines années.

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